Le chemin sacré vers l'éternité dans l'Égypte ancienne
Les Égyptiens croyaient que l'âme (Bâ) et la force vitale (Kâ) avaient besoin du corps physique pour survivre dans l'au-delà. Sans corps intact, l'âme ne pouvait pas atteindre les Champs d'Ialou (paradis égyptien). La momification préservait le corps pour l'éternité.
"bâ-t" (momie) en hiéroglyphes
La momification complète prenait 70 jours :
Ces 70 jours correspondaient au cycle de Sirius (l'étoile de Sopdet/Isis) qui disparaissait 70 jours du ciel avant de réapparaître.
Le corps est lavé avec de l'eau du Nil et du vin de palme pour le purifier. Les prêtres récitent des formules sacrées pendant le lavage.
"oua-eb" (purification)
Un crochet de bronze est inséré par le nez pour briser l'ethmoïde et extraire le cerveau petit à petit. Les Égyptiens ne connaissaient pas l'importance du cerveau !
Les Égyptiens pensaient que le cœur était le siège de l'intelligence et de l'âme, pas le cerveau. C'est pourquoi le cerveau était jeté, mais le cœur conservé dans le corps.
Une incision est faite sur le flanc gauche avec une lame d'obsidienne. Les organes internes sont retirés sauf le cœur (nécessaire pour le jugement) et les reins.
La cavité abdominale est lavée avec du vin de palme et des épices (cannelle, myrrhe, casse). Cela désinfecte et parfume le corps.
Le corps est entièrement recouvert et rempli de natron (mélange naturel de sels minéraux). Le natron absorbe toute l'humidité du corps, le desséchant complètement.
"netjeryen" (natron - sel divin)
Composé de carbonate de sodium et bicarbonate de sodium, le natron venait des lacs salés du Ouadi Natroun. C'était un ingrédient si précieux qu'il était considéré comme "divin".
Le natron est enlevé. Le corps a perdu 75% de son poids et de son eau. La peau est devenue sèche et coriace, de couleur brun-noir.
Le corps est massé avec des huiles parfumées pour assouplir la peau. La cavité abdominale est remplie de sciure, de sable, de lin, parfois d'oignons ou de myrrhe.
Des centaines de mètres de bandelettes de lin sont enroulées autour du corps. Entre les couches, des amulettes protectrices sont insérées.
"wedjâ" (bandelettes protectrices)
Un masque funéraire est placé sur le visage. Pour les pharaons, c'était en or massif (Toutânkhamon). Pour les autres, en cartonnage peint.
Rituel crucial où les prêtres "réactivent" les sens de la momie avec des outils spéciaux. Cela permet au défunt de manger, boire, parler et respirer dans l'au-delà.
"oup-er-râ" (ouverture de la bouche)
"Ma bouche m'est ouverte par Ptah,
Les liens de ma bouche sont dénoués par mon dieu local.
Thot vient, rempli et équipé de formules magiques,
Il dénoue les liens, les liens qui fermaient ma bouche..."
Les organes retirés du corps étaient conservés séparément dans quatre vases spéciaux appelés vases canopes. Chaque vase était protégé par l'un des quatre fils d'Horus, divinités gardienne orientées vers les quatre points cardinaux.
Le cœur (𓇋𓃀 - "ib") était le seul organe majeur laissé dans le corps. Les Égyptiens croyaient qu'il était :
À la mort, le Bâ (âme) et le Kâ (force vitale) se séparent du corps. Le défunt entre dans la Douât, un monde souterrain plein de dangers : serpents, démons, lacs de feu.
"Douât" (le monde souterrain)
Le défunt doit traverser 12 régions correspondant aux 12 heures de la nuit. Chaque heure présente des épreuves spécifiques, des portails gardés, et des créatures hostiles.
Avant le jugement, le défunt doit réciter les 42 déclarations négatives devant les 42 juges divins, affirmant qu'il n'a pas commis de péchés.
"Je n'ai pas tué...
Je n'ai pas volé...
Je n'ai pas menti...
Je n'ai pas fait pleurer...
Je n'ai pas pollué l'eau...
Je n'ai pas coupé un canal d'irrigation...
Je n'ai pas été colérique sans cause...
Je n'ai pas commis d'adultère..."
La scène la plus importante : le cœur du défunt est pesé sur une balance contre la plume de Maât (symbole de vérité et justice).
Le juge suprême, roi des morts
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Dévoreuse des cœurs impurs
Si le défunt passe le jugement, il entre dans les Champs d'Ialou (ou Aaru), un paradis agricole idéalisé.
"Iarou/Aaru" (les Champs de Roseaux)
"Salut à toi, Seigneur des Champs d'Ialou,
Je connais ton nom et les noms des 42 dieux qui sont avec toi dans les Champs d'Ialou,
Qui vivent des pécheurs et se nourrissent de leur sang...
Mais je suis pur ! Je suis pur ! Je suis pur ! Je suis pur !
Ma pureté est la pureté du grand Bénou qui est à Héracléopolis."
Grâce aux momies, nous avons appris énormément sur l'Égypte ancienne :